Pour le problème de cette semaine, je me permet de vous proposer une question posée par le joueur professionnel Masayoshi Ara. Il s’agit d’un cas assez amusant, et dans la mesure où la plupart des joueurs francophones ne lisent pas le japonais, il me semble que M. Ara ne se sentirait pas spolié. J’en profite pour le remercier chaudement. Le problème original est visible sur le blog de M. Ara ici : http://ameblo.jp/masayoshiara/entry-12121277837.html.
La question est très simple, vous avez la main suivante, et un joueur défausse le 8 de rond (le dragon rouge n’est pas encore sorti). Que décidez-vous ?
La question originale est posée dans le cadre des règles A (pas d’ura-dora, pas d’ippatsu, double yakuman autorisé), mais son intérêt est similaire avec les règles Chuuren.
Cela dépend si on vise une main à forte valeur ou à très forte valeur.
Analysons le cas du Ron sur le 8 immédiat:
– Toitoi
– Shōsangen,
– San ankō
6 han −Haneman: 1200, 1800 si dealer, avoir déclaré Riichi ne changerait rien puisque pas d’uradora, et pas d’ipatsu, mais en plus ce serait bien bête car on se retrouverait furiten.
Dans l’hypothèse ou riichi n’a pas été déclaré on peut espérer un simple ou un double Ya,uman:
– Daisangen + sü Anko (si tsumo sur dragon rouge) respectivement 32000 (Dealer: 48000) ou 64000 (96000).
Bonjour,
Je pense que cela dépend de la situation globale du jeu. Est-ce que le joueur est en avance sur les autres joueurs ? Ou est-il en retard ?
S’il est en retard, autant prendre ce 8 de rond pour gagner et rattraper son retard. S’il est largement en avance, il peut attendre le dragon rouge, voir le piocher en tsumo pour le double Yakuman.
Après la dernière information qu’il faut rechercher et que l’on ne possède pas avec la photo, est-il possible que le dragon rouge soit une paire chez l’un des autres joueurs ? Cette information peut être devinée en lisant la défausse des joueurs. Le fait que le dragon rouge ne soit pas sorti en défausse, cela ne veut pas pourtant autant dire qu’ils n’ont pas été tous sorti déjà. Dans le cas où il est chez d’autres joueurs, il vaut mieux prendre le 8 de rond.
Donc pour répondre à la question, cela dépend du classement du joueur (et de l’avancée de la partie aussi, même si je ne la traite pas) et de déterminer si ce dragon n’a pas été pioché par les autres joueurs par une lecture de jeu.
Voilà.
Pour être franc, j’hésiterais même à gagner sur le premier Chun défaussé… ._.
Tout dépend encore une fois de la situation, mais je pense que dans les deux tiers des cas, j’irais chercher les Yakuman.
Il me semble que la main en volant le 8 est baiman :
Shosangen avec 2 Yakuhai =4 hans
San anko =2 hans
Toitoi = 2 hans
soit 8 hans
donc 16 000 ou 24 000 si dealer. C’est quand même un score pas si faible que cela.
Il faudrait voir si le joueur qui défausse le 8 a de quoi payer et si c’est intéressant pour nous de gagner ce montant contre lui.
Je crois que c’est un moment où il faut faire la différence entre stratégie et tactique : quels sont les scores, les placements et l’avancée de la partie.
cf l’article http://www.chuuren.fr/strategie-tactique/
Donc sans indication supplémentaire, il n’est pas possible de répondre vraiment.
Bonne journée
Agree!
Tactique vs Stratégie
Mais si d’autre joueurs ont déclaré riichi ,attendre le dragon rouge et trop dangereux.
Par contre si j’obtiens cette main au début de partie je laisserais passé le huit pour un yakuman .
Effectivement comme tout le monde l’a fait remarqué, il n’est pas tout à fait possible de répondre sans savoir la situation du jeu. On pouvait donc lister les différentes possibilités. Il y a 4 façons de finir :
-vol du 8 de rond qui se présente : dragon vert (1), dragon blanc (1), shōsangen (trois petits dragons, 2), toitoi (tout brelan, 2) et sanankō (trois brelans cachés, 2) pour un total de 8 han, baiman, donc 16 000 points (24 000 si dealer)
-vol du dragon rouge : daisangen (trois grands dragons, yakuman) : 32 000 points (48 000 si dealer)
-pioche du 8 de rond : sūankō (trois brelans cachés, yakuman) : 32 000 points (48 000 si dealer)
-pioche du dragon rouge : daisangen ET sūankō, double yakuman : 64 000 points (96 000 si dealer)
En sachant que ne pas voler le 8 maintenant nous expose à être furiten jusqu’à notre prochaine pioche, si les deux dragons rouges suivent juste après ce sera la déconfiture !
Si on veut donc tirer une conclusion académique, on pourrait dire qu’à moins d’avoir besoin de beaucoup de points on a intérêt à voler le 8 de rond, mais qu’en cas de grosse grosse dèche il peut être intéressant d’attendre.
Maintenant que l’aspect académique est traité, se pose une autre question. Les yakuman sont des cas particuliers. Ils permettent généralement de remporter une partie, certes, mais pour beaucoup de joueurs leur rareté leur donne un autre aspect qui dépasse le cadre de la partie en cours, un fait d’armes dont ils se souviendront et qu’ils pourront raconter. Et on parle ici d’un double yakuman ! Autant une bonne moitié des membres du club a déjà réalisé des yakuman, autant les doubles yakuman sont encore plus rare ! Personnellement je n’en ai réussi qu’un, et encore toutes les règles ne lui accordent pas ce statut !
La question sous-jacente à ce problème pourrait donc être : «Que choisissez-vous ? Le choix logique de prendre un baiman (qui est déjà une très bonne main) ? Ou bien est-ce que vous acceptez de prendre un risque sur cette partie pour réaliser une main exceptionnelle ?»
Là, chacun aura sa propre réponse (qui bien sûr pourra peut-être varier selon l’importance de la partie). Puisque le problème original provient du blog de M. Ara, je vous livre sa réponse (visible ici : http://ameblo.jp/masayoshiara/entry-12121917845.html) :
«À propos du problème de la dernière fois.
Personnellement…
Je laisse passer le 8 de rond, mais je déclare la victoire si le deuxième se présente.
Si la donne dépasse le 12ème tour de pioche, je gagnerais même sur le premier.
Sur le dragon rouge, ron bien évidemment !
Et si je pioche le dragon rouge…
“Le mahjong n’est pas que de la chance” me dirais-je, et je serais tenté de rejeter la tuile mais…
Je déclarerais joyeusement la victoire !»